Mon fils, Mon fils t'EURODIABOLISE?

Un Franc Français n'avait que les os et la peau,

Tant la finance faisait bonne garde.

Ce Franc rencontre un Euro aussi puissant que beau,

Gras, poli , qui s'était fourvoyé par mégarde.

Le convertir, le déstabilisé,

Le Franc l'eût fait volontiers;

Mais il fallait livrer le change,

Et l’Euro était de taille

A se défendre hardiment.

Le Franc donc, l'aborde humblement,

Entre en propos, et lui fait compliment

Sur son embonpoint, qu'il admire.

«Il ne tiendra qu'à vous, mon cher Franc,

D'être aussi gras que moi, lui répartit l’Euro.

Quittez votre monnaie, vous ferez bien:

Vos pareils y sont misérables,

Cancres, hères, et pauvres diables,

Dont la condition est de mourir de faim.

Car quoi? rien d'assuré; point de franche lippée ;

Tout à la pointe de l'épée.

Suivez moi, vous aurez un bien meilleur destin.»

Le Franc reprit: «Que me faudra-t-il faire?

-Presque rien, dit l’Euro: Spéculé sur les marchés

Porter l’Euro, licencié, délocalisé

Flatter ceux du FMI , aux lois Européenne complaire:

Moyennant quoi votre RMI

Sera force reliefs de toutes les façons:

Resto du cœur, SDF, misère et désolation

Sans parler de mainte assistanat.»

Le Franc déjà se forge une félicité

Qui le fait pleurer de tendresse

Chemin faisant, il vit le collier de l’Euro.

"Qu'est-ce là? lui dit-il. - Rien. - Quoi? rien? -Peu de chose.

Mais encor? - Le collier Européen dont je suis attaché

De ce que vous voyez est peut-être la cause.

- Attaché? dit le Franc: vous n’êtes point libre à votre guise

De faire ce que vous voulez? - Pas toujours; mais qu'importe? -

Il importe si bien, que de tous vos repas

Je ne veux en aucune sorte,

Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor."

Cela dit, maître Franc s'enfuit, et court encor.

Fable de Lafontaine revue par sandwichservice babylove