Les délocalisations annoncées par Harley Davidson montrent-elles certaines limites de la politique protectionniste de Trump ?

Aux USA et ailleurs (comme en France), le gros de ce qui est consommé par la population est importé (notamment d'Asie et de certains pays d'Afrique). Tout simplement parce ce que cela coûte moins cher, d'abord à produire et ensuite à l'achat.

Les modes de vies occidentaux ont provoqué cette bascule. Ce n'est ni un complot des USA, de l'UE, des arabes, des patrons, des actionnaires ou des extra terrestres : c'est la conséquence des choix du consommateur à payer moins cher et de l'évolution des modèles de consommation.

La première fois que je suis allé à New York (début des années 90), je ne voyais pratiquement que des grosses voitures américaines, peu ou pas d'étrangères à l'exception des modèles de luxe. La dernière fois (il y'a quelques semaines) , j'ai vu au moins 70% de voitures coréennes et japonaises. Trump ne peut pas lutter contre cela, à moins de bloquer l'importation de ces voitures et demander aux constructeurs américains de réorienter définitivement leur gamme et leur positionnement - ce qui suppose des investissements mais n'est en aucun cas la garantie d'emploi dans un univers industriel de plus en plus automatisé ; ni la garantie d'une capacité d'achat suffisante des consommateurs pour absorber la production (qui coûtera de fait beaucoup plus) et rendre le secteur rentable à long terme.

Trump fait de la politique comme on joue au poker: il bluffe, il tente, il relance ; il possède l'assurance naturelle de l'américain convaincu de sa puissance. En face, les autres joueurs sont désunis et moins conscients d'une puissance tout aussi importante si elle s'organise. Au-delà des pays et de leurs dirigeants, tu as les multinationales. Celles-ci en ont rien à foutre, des pays et de leurs dirigeants, seuls comptent leurs actionnaires et leurs clients. Et qu'il soit français, américain, chinois, éthiopien ou russe : un client est un client et à la même valeur pour la multinationale.

Comme n'importe quelle multinationale, HD vit la même chose : un marché national (ici USA) en nette baisse, le reste du monde en nette hausse. C'est l'évidence : USA = 325 millions de gens ; reste du monde plus de 7 Milliards (dont environ 1.5 Milliards de clients potentiels).

Dans le monde de 2018, l'économie est totalement interconnectée et interdépendante. HD a besoin d'aluminium d'Asie, de caoutchouc du Brésil pour ses pneus, de pièces d'équipementiers d'Europe etc etc. Aucune société ou pays n'a la capacité d'être auto suffisant (sauf à vivre comme en URSS à la grande époque communiste) et aucune multinationale n'a la capacité de le rester en se limitant à son seul marché national.

Après un moment à court terme d'annonces, de symboles, de divers show médiatiques, on en revient et on bute tous sur la réalité évoquée plus haut. Et pratiquement 2 seules question restent :

- quels sacrifices - ou gain (sur les modes de vies, sur l'emploi, sur le pouvoir d'achat) est on prêt à assumer ?

- quelle place on donne à chacun (pays, entreprises, citoyens) dans l'environnement économique mondial et les circuits d'échanges et qu'est ce qui compte le plus (ou quel est l'objectif à long terme pour chaque partie prenante) ?

Pourtant sa popularité augmente….